Qui ne connaît pas Gran Turismo ? Cette série mythique de jeux de courses exclusive aux PlayStation, développée par les japonais de Polyphony Digital, et mettant l’accent sur le réalisme et le plaisir de conduire… Personne bien entendu. Même les réfractaires au genre sont restés bouche bée devant sa troisième déclinaison sur PS2 tant le gameplay, la durée de vie et l’aspect visuel du titre crevaient l’écran. Alors quand on apprend que Gran Turismo 4 est reporté à la fin de cette année mais que Sony, bon prince, décide de sortir sa démo jouable, GT4 Prologue, que peut-on faire ? On se jette dessus naturellement ! Et ce malgré le profond sentiment d’arnaque qui donne envie de crier au scandale… Sony aurait-il à ce point besoin d’argent ? Cette version Prologue vaut-elle vraiment le coup d’être achetée ? Les améliorations sont-elles majeures ? Autant de questions auxquelles nous allons répondre ci-dessous…
– $ony ?
Avant de rentrer dans le vif du sujet et voir ce qu’a dans le ventre cette version Prologue, impossible de faire l’impasse sur la manoeuvre commerciale de Sony. Manoeuvre qui risque d’en énerver plus d’un, voire de discréditer quelque peu l’image du géant japonais. En effet, d’abord annoncé pour une sortie cet été, Gran Turismo 4 se voit finalement repoussé au mois de Novembre 2004. Arglll… se disent alors les fans transis. Mais surprise, peu de temps après, Sony annonce que GT4 Prologue, démo jouable de ce 4ème volet, pompeusement nommée « Ecole de perfectionnement » ou encore « Prélude officiel », sortira bien en Europe. Une aubaine pour les fans, qui déchanteront cependant assez rapidement en finissant de lire la news car GT4 Prologue ne sera pas distribué via un magazine officiel ou dans un autre jeu Sony (comme ça avait été le cas par exemple avec la démo de Metal Gear Solid 2 dans la boite de Zone of the Enders). Non, la démo sera vendue ! Et pas à 10 ou 15€, mais à presque 40€ ! Soit un peu plus cher qu’au Japon de surcroît. Une pratique certainement très lucrative pour Sony puisque l’acharné n’hésitera pas longtemps une fois planté devant la boite de son jeu favori, mais une pratique également très déplacée qui laisse à penser que les joueurs européens sont des vaches à lait !
On sait que Sony a annoncé des bénéfices en baisse pour cette année fiscale 2003/2004, les ventes de PS2 diminuant constamment depuis un moment, mais quand même. Jouer sur la fibre ludique de ses clients en osant vendre au prix fort une démo d’un des jeux les plus attendus de la PS2 n’est vraiment pas correct. D’autant plus qu’il est évident que le jeu n’a pas été choisi au hasard. En effet, plus de 34 millions d’exemplaires de Gran Turismo se sont écoulés dans le monde depuis sa création en 1997 (environ 6 millions pour MGS, 12 pour PES et 30 millions pour GTA à titre comparatif) ! La licence Gran Turismo est donc, tout simplement, la plus populaire et la plus vendue sur PlayStation 2… Cela dit, les gamers/consommateurs que nous sommes ont toujours le choix de dire non. Et puis, même si son prix de vente est clairement abusif, il reste à connaître le contenu exact de ce « Prélude officiel », ce que nous allons détailler dès maintenant…
– Mieux, mais pas tant que ça…
Comme à l’accoutumée depuis sa création, la franchise Gran Turismo a toujours bénéficiée d’un soin tout particulier. Créée par Kazunori Yamauchi, fondateur et président de Polyphony Digital, elle a connue le succès dès le premier volet et n’a fait que s’améliorer au fil du temps. L’apothéose vient en Juillet 2001 avec GT3 A-Spec, premier véritable hit de la PS2 alors encore toute jeune. La claque est énorme ! La PS2 est la seule console next-gen sur le marché et Polyphony Digital dévoile tout son potentiel en programmation en enterrant à tous les niveaux tous les autres jeux du genre. Kazunori Yamauchi l’avait alors annoncé, la console de Sony était quasiment poussée dans ses derniers retranchements et Gran Turismo 4 aurait bien du mal à être plus abouti techniquement. Et pourtant, une fois GT4 Prologue inséré dans la PS2, même si les différences ne sautent pas aux yeux, on sent bien que les développeurs ont tout fait pour nous en mettre encore une fois plein la vue. A l’image de l’introduction du jeu qui va en laisser plus d’un, pardonnez moi l’expression, sur le cul ! L’image est tellement nette qu’on hésite entre 3D et film réalisé avec un caméscope numérique dernier cri !
Malheureusement, à cause des limitations du processeur de la PS2 et de son impossibilité à gérer certains filtres comme l’anti-aliasing (effets d’escaliers, scintillements), les graphismes une fois en course ne sont pas du même niveau et sont vraiment très proches de GT3. L’aliasing et les scintillements sont très prononcés à certains endroits et gênent même parfois la visibilité au loin. On note cependant une nette amélioration de la distance d’affichage, renversante sur le circuit de rallye du Grand Canyon, et de la qualité des décors lointains, comme les collines sur le circuit d’Italie (Citta Di Aria) qui sont photo-réalistes. Légère amélioration graphique également du côté des véhicules, plus vrais que nature et toujours modélisés avec le plus grand soin. Les environnements ne se sont pas en reste, ils se sont étoffés et les détails fourmillent. Mais, par exemple, les spectateurs qui bordent les routes restent en 2D, alors que dans l’intro ils sont en 3D. Autre point du même genre, sur le circuit de New-York où le décor est rempli de buildings et de spectateurs. On ne voit dans le rétroviseur que le bitume et les rails de sécurité, au-delà c’est une bouillie de pixels qui n’a rien à voir avec les décors que l’on vient de dépasser. Ce n’est qu’un détail une fois en course, mais il montre bien que les développeurs ont dû faire des sacrifices pour afficher, sans la moindre baisse de framerate il faut le souligner, ce décor particulièrement riche. En ce qui concerne les sons et les bruitages, ils sont aussi réussis que dans GT3 et chaque engin possède un son caractéristique lorsqu’on enfonce la pédale. Les musiques sont globalement passées du rock à la techno, alors que celles des menus sont exactement les mêmes que dans GT3.
– Un bon aperçu de GT4 !
Lorsque vous lancerez pour la première fois GT4 Prologue, deux modes de jeu et treize voitures s’offriront à vous. Le premier est le mode Entraînement, constitué de 41 leçons et de 5 « pause-café » (petit jeu où il faut renverser des plots), elles ne se débloqueront que l’une après l’autre et vous feront piloter aussi bien une Nissan Micra bridée à 50 Km/h qu’une Dodge Viper GTS de 450 chevaux ! Au menu, des zigzags entre des plots, des courses contre le chrono, des tests de freinage et d’accélération, dépassement par l’intérieur ou en se servant de l’aspiration, etc. Le principe est connu. Même si on s’ennuie ferme sur la première moitié des épreuves, le fait d’être guidé par ces leçons permet de faire l’apprentissage des circuits dans les meilleures conditions. Plus tard, lorsque l’on a débloqué quelques monstres, on a ainsi de bons repères et la course à grande vitesse n’en est que plus jouissive. A chacune de ces épreuves réussies vous débloquerez le véhicule avec lequel vous venez de courir, qui sera ensuite jouable dans le mode Arcade. Les leçons sont divisées en cinq catégories à la difficulté croissante et à chaque fois il faudra obtenir au minimum la médaille de bronze pour passer à la suivante. Si l’obtention de celles-ci ne poseront pas trop de problèmes à la majorité des joueurs, les médailles d’argent et d’or donneront vraiment du fil à retordre (plus que dans GT3), même aux pilotes chevronnés. Une fois le mode Entraînement terminé, si vous obtenez toutes les médailles d’or, vous aurez en votre possession un total de 64 bolides ! Ce qui est clairement suffisant pour se faire une idée de la bête et des différences de sensations entre les diverses voitures.
Le mode Arcade quant à lui est bien simpliste mais permettra aux pilotes virtuels de péter des chronos sur cinq circuits différents, avec trois niveaux de difficulté (Facile, Difficile et Pro). Quatre sont sur bitume : un en ville avec ses virages à angle droit (New-York), deux sur circuit proprement dit (Tsukuba et Fuji Speedway), et un sur routes étroites avec de bons effets de relief dans un village italien (Citta Di Aria), un vrai régal au passage. Le cinquième est une piste de rallye (Grand Canyon). Très technique il offre lui aussi un bon aperçu de ce qui nous attend en Novembre. Bref, les surfaces et tracés sont variés et les sensations bien au rendez-vous. Trois de ces circuits (Tsukuba, New-York et Fuji Speedway) acceptent que l’on ajoute des adversaires, au nombre de cinq comme dans GT3. Attention tout de même, car une fois cette option enclenchée les temps ne seront plus sauvegardés. Sur les deux autres circuits vous serez condamnés à courir contre le chrono mais GT4 Prologue sauvegarde les dix meilleurs temps, ce qui ouvre le challenge entre potes, et même peut-être sur Internet. En effet, en se plaçant sur un temps et en appuyant sur Rond, un code est généré par la console mais ni le manuel du jeu ni le site officiel ne parle de cette option…
– Un gameplay au poil !
Pour la première fois de son histoire le modèle physique (comportement) des véhicules de Gran Turismo a subit quelques modifications majeures. Concrètement le pilotage est un peu plus ardu, plus technique et les erreurs ne pardonnent pas. Le poids des voitures est rendu à la perfection, tout comme les transferts de masse, les appels/contre-appels, les survirages et sous-virages, etc. Bref, c’est très technique et ça n’est pas pour nous déplaire. D’un autre côté les voitures ont toujours autant la fâcheuse tendance à rebondir bizarrement sur les rails de sécurité et l’amélioration de l’intelligence artificielle est complètement passée à la trappe. Les adversaires se contente bêtement de suivre un parcours prédéfini et l’augmentation du niveau de difficulté dans les options ne fait qu’améliorer leur temps au tour. Les collisions sont elles aussi gérées comme dans GT3 et vous aurez bien du mal à envoyer une voiture adverse dans les décors. Cependant, pour empêcher les furieux de l’accélérateur de se jeter sur les rails pour mieux prendre un virage, on note l’arrivée des pénalités. Si le choc est important, la voiture sera contrainte de rouler à 50 Km/h pendant dix secondes. Autant dire au revoir tout de suite au meilleur tour dans ce cas là.
Si la maniabilité au pad s’avère très correcte, elle ne permet pas de réaliser certaines épreuves où l’on doit doser avec précision l’accélération ou le freinage. Le volant (GT Force ou GT Force Pro) est donc indispensable si vous souhaitez obtenir toutes les médailles d’or. Et piloter dans GT4 Prologue à l’aide de cet accessoire est un véritable bonheur. C’est d’ailleurs à ce moment que l’on sent réellement le travail fait par Polyphony au niveau du modèle physique ! Terminons avec deux, trois détails concernant cette édition Prologue, comme l’apparition d’une troisième vue par rapport à GT3. Une vue en retrait très élevée (qui s’ajoute à celle intérieure et à l’extérieure, placée derrière la voiture) permettant de profiter d’une bonne vision du circuit, au détriment de la vitesse de défilement. Cette dernière a d’ailleurs été légèrement revue à la hausse par rapport à GT3. Enfin, n’espérez pas gonfler ou régler les voitures débloquées, cette option n’est pas tout simplement pas accessible dans GT4 Prologue. Tout comme le mode mulijoueur, en ligne ou en écran splitté.
– DVD Bonux…
Peut-être pour se faire pardonner du prix abusif de cette démo, Sony propose un DVD bonus avec GT4 Prologue. DVD vidéo à l’encodage impeccable, on ne peut malheureusement pas en dire autant du contenu. S’adressant clairement aux novices n’ayant jamais pratiqués un seul Gran Turismo tout ce qui y est dit est d’une évidence affligeante. De plus le ton commercial et pompeux de certains des protagonistes en énervera plus d’un. Les développeurs, Kazunori Yamauchi en tête, insistent beaucoup trop lourdement sur le fait que GT4 est parfait et que les pilotes en herbe devraient se servir de leur jeu pour apprendre à conduire dans la réalité. The Real Driving Simulator, je veux bien, mais Gran Turismo reste un jeu, certes technique et axé simulation, mais un jeu tout de même. Bref, à côté de ce reportage nommé « Leçons de pilotage » d’une durée satisfaisante, on trouve deux autres vidéos ridiculement courtes pour mériter d’être sur support DVD. Une sur les coulisses et les repérages, et la bande-annonce de GT4. Enfin, et c’est le dernier choix possible sur ce DVD, une galerie d’une petite trentaine de photos. Beaucoup trop léger pour contenter l’appétit des fans.
Technique
Les améliorations graphiques sont de l’ordre du détail par rapport à GT3 mais ajoutent encore au réalisme et à l’immersion. La claque visuelle de 2001 n’est plus mais GT4 Prologue reste un des plus beaux jeux de la PS2.
16/20
Audio
Les musiques, bruitages et vrombissements de moteurs sont tout à fait excellents. Pas de surprise de ce côté, Polyphony maîtrise ce sujet…
18/20
Jouabilité
La maniabilité a été quelque peu revue et le pilotage s’avère un peu plus technique que dans GT3, tout en gardant les sensations de conduite. Malheureusement, pour en profiter pleinement le volant est indispensable !
18/20
Intérêt
40€ pour 5 circuits et 64 voitures, alors qu’à 60€ en Novembre on aura 50 circuits et 500 voitures, c’est léger et c’est cher. Seul le fan transi se jettera dessus par impatience. A tort ou à raison ? C’est à chacun de choisir.
10/20
NOTE GLOBALE
Comment résister à l’appel de Gran Turismo ?! Sony sait très bien ce qu’il fait en vendant cette démo de GT4 au prix fort, mais risque aussi de s’attirer les foudres de certains joueurs. Une partie de moi voudrait lui mettre une bonne note pour son gameplay toujours aussi jouissif et ses sensations qu’il est le seul à procurer. Mais n’oublions pas qu’il ne s’agit que d’une démo et à la vue du contenu et du prix, ce n’est pas possible ! GT4 Prologue propose pourtant un bon aperçu des améliorations et nouveautés qui seront présentes dans Gran Turismo 4, et les fans de la série y trouveront à coup sûr leur compte. Cependant, acheter GT4 Prologue veut peut-être dire plus d’opérations de ce genre dans le futur, un cauchemar pour les joueurs impatients que nous sommes !… Cruel dilemme que nous impose là Sony !
12/20
+ Le gameplay
+ Les graphismes
+ Un bon aperçu de GT4 – Le prix
– L’I.A.
– Le DVD Bonux
– Les scintillements